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MONSIEUR AUGUSTE

lette… vraiment tu m’humilies toujours avec ce luxe de linge, de manchettes, de boutons de diamants… tu es toujours pavoisé comme la trirème de Cléopâtre… tu te ruineras chez un chemisier… ce n’est pas une tenue de campagne. Tu fais une toilette de cour, et tu viens à Chatou ! Mais pour qui donc fais-tu ces dépenses effrénées de dandy ?

— Pour moi, dit Auguste, avec mélancolie ; pour me plaire. Voilà.

— Ah ! pour te plaire ! Oui, je te crois un peu Narcisse… Je suis prêt, viens, partons.

Les deux amis s’acheminèrent vers la maison voisine. A peine arrivé sur la terrasse, Octave disparut comme l’éclair, pour trouver, dans les salons une place avantageuse. Auguste qui n’attachait aucun intérêt à cette soirée, s’arrêta, et prit l’attitude d’un homme qui cherche à droite et à gauche un compagnon perdu.

— Me voici, monsieur, dit le colonel de Gérenty, qui s’attendait à une rencontre obligée, vous êtes l’ami intime de M. Octave ?

— Oui, monsieur, répondit Auguste.

— Et vous arrivez, à présent ?

— Oui, nous arrivons.

— Eh bien ! monsieur, je vous attendais depuis