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MONSIEUR AUGUSTE

— Êtes-vous folle ?

— Mais, mademoiselle, si cela vous empêche de dormir !

— Mais je ne dors pas, il me semble ! et je m’intéresse beaucoup à ce bruit qui se fait là-haut. On voit bien, Rose, que vous n’avez jamais aimé.

— Et je m’en félicite ! Si ce malheur m’arrivait quelque jour, je ne commencerais pas par M. Auguste.

— Belle raison ! ce n’est pas un homme de votre rang.

— On a vu des rois épouser des femmes de chambre.

— Dans les contes bleus.

— Dans les histoires jaunes. Nous savons cela, nous, dans notre état.

— Voyons, citez un seul de ces rois.

— Henri IV, qui a épousé une femme de chambre qui se nommait Fleurette… J’appelle cela épouser, moi… Eh bien ! Henri IV vaut bien M. Auguste, et moi je vaux bien cette paysanne de Fleurette ; et si M. Auguste iv voulait m’épouser, à la mode basque, je l’enverrais promener sous le Pont-Neuf !

— Vraiment. Rose, je suis trop bonne avec vous.

— Je le sais, mademoiselle ; aussi j’en profite pour vous donner de bons conseils. Si vous étiez