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MONSIEUR AUGUSTE

côté de la chaussée de Saint-Germain… là où les maisons finissent, où le bois commence. À tout moment, les soldats ou les cavaliers de la garnison voisine passent sur ce chemin. Je vais arrêter les deux premiers pour en faire des témoins ; ce sont les meilleurs pour ces sortes d’affaires.

Octave fit un second geste affirmatif, salua le colonel, et se rendit au poste indiqué.

Cinq minutes après, le colonel arrivait avec deux hussards, et on s’enfonça dans le bois.

Une seule chose inquiétait Octave ; il ne voyait des armes nulle part. Les deux témoins allaient probablement nager dans les eaux de Chatou, et ils étaient en grand négligé d’écurie et sans sabres. Octave, qui connaissait tous les coins de ce bois, son second atelier, fit faire halte sur un terrain nu, entouré d’un impénétrable massif de sicomores, d’ormes et de noisetiers.

— Monsieur, dit le colonel, je vous ai rendu maître des conditions, c’était le devoir d’un militaire ; je pense que vous avez choisi le pistolet. Vos armes sont les miennes ; vous pouvez maintenant les tirer des poches de votre paletot, personne ne nous voit.

Les hussards se frottaient joyeusement les mains, comme des oisifs ennuyés qui ont trouvé une dis-