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MONSIEUR AUGUSTE

— Oui, dit Lebreton au hasard ; un procès… un procès grave…

— Tant pis ! remarqua le colonel, et vous prenez pour avocat ma belle-sœur ? tant mieux ! c’est une femme d’excellent conseil.

— Eh bien ! madame, dit Lebreton en se rapprochant de Mme de Gérenty, que me conseillez-vous de faire pour le moment ?

— Ne faites point d’éclat, dit Mme de Gérenty. Ne changez rien dans vos relations avec ce jeune homme…

— Ce sera difficile, madame…

— Ah ! mon cher voisin, on ne fait pas toujours ce qui est aisé ; il faut souvent être diplomate dans les familles. J’ai appris cette maxime dans les palais des ambassades.

— Je serai diplomate.

— Rien n’est plus facile, monsieur Lebreton ; ne parlez pas, souriez continuellement, et tenez votre main droite dans l’ouverture de votre gilet ; en haute diplomatie, on réussit toujours avec ces trois choses, et on trompe l’Europe : en petite diplomatie domestique, on trompe son voisin, cela suffit. Si vous trouvez quelquefois l’occasion de placer cette phrase : à Dieu ne plaise, ou celle-ci : il y a deux manières d’envisager cette question, cela ne com-