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MONSIEUR AUGUSTE

général. Les Vénus abondaient, mais on ne voyait pas un seul Cupidon.

— Mais, je ne conçois pas vos scrupules de tout à l’heure, dit Mme de Gérenty, après avoir passé en revue toutes les divinités de son sexe ; je n’ai jamais visité un atelier plus décent.

— Oui, dit le colonel ; mais il y a ici, comme au musée de Naples, un recoin secret.

— Ah ! dit la jeune femme, d’un air comiquement ingénu ; j’ai refusé à mon mari de l’accompagner au musée secret de Naples ; mais mon mari a usé de son pouvoir, et j’ai obéi aveuglément, les yeux ouverts. L’art est une chose sacrée qui purifie tout.

— Oh ! ma chère sœur, dit le colonel en riant, M. Octave n’est pas si terrible dans ses exhibitions. Il s’agit tout simplement d’un portrait de femme.

— En buste ? demanda Mme de Gérenty.

— En pied… Mais Octave ne laisse voir que la tête.

— Alors ce n’est pas une déesse de l’Olympe.

— Oh ! mieux que cela.

Cependant Octave préparait l’exhibition de son chef-d’œuvre, mais dans les conditions de réticence dont parlait le colonel.

— Eh bien ! est-ce visible à l’œil nu ? poursuivit Mme de Gérenty.