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MONSIEUR AUGUSTE

de vos droits de maître. Faites-le mettre à la porte, ne l’écoutez pas. C’est ce misérable qui fait tant de bruit sur la terrasse.

— Oui, je devine, c’est l’insolent petit Octave ! s’écria Lebreton.

— Oui, oui, c’est lui ! dit Louise toujours indignée à ce nom. Bon père, faites ce que dit M. Auguste.

M. Lebreton jeta sur la table sa liste des invitations et sa serviette sur sa chaise, et se leva pour accomplir un acte d’autorité domestique, aux applaudissements de sa fille, lorsqu’un homme entra brusquement dans la salle, comme s’il eût forcé la consigne.

Auguste ferma les yeux, et pâlit, comme il aurait fait à minuit devant la plus épouvantable des apparitions.

Cet homme était d’un aspect étrange. Sa figure avait le type mixte du faune et du démon. Un feu sinistre animait ses yeux, et laissait dans une ombre livide le reste de son visage. Une barbe inculte et massive se hérissait sous son menton. Son torse robuste était fortement accusé par un paletot étroit, dévasté sur toutes les coutures. Il promena un regard sinistre sur les quatre convives stupéfaits, et d’une voix rauque, il dit :