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MONSIEUR AUGUSTE

vous voyez… Celui-ci est un Achille pleurant Patrocle… Celui-là un Endymion endormi, au clair de lune… M. Lebreton est dix fois millionnaire, m’a-t-on dit, il t’achètera ces tableaux… Je les vends pour rien… Dix mille francs… Après ma mort ils n’auront pas de prix.

— Ce sont deux croûtes, dit Agnès, dont je ne donnerais pas un liard.

— Ce n’est pas à vous que je veux les vendre, dit le peintre.

— Et moi je ne veux pas les acheter, dit Lebreton, reprenant un peu de courage.

— Ah ! vous ne voulez pas les acheter, dit l’inconnu, avec un sourire de démon ; eh bien ! Auguste les achètera.

Et il appliqua un vigoureux coup de main sur l’épaule d’Auguste.

Louise tressaillit et poussa un cri désolé, comme si elle eût été atteinte du même coup.

— Mais je ne connais pas cet homme-là ! dit Auguste, agité de mouvements convulsifs.

— Ah ! tu ne me connais pas ! dit le peintre, avec un éclat de rire infernal, prends bien garde à ce que tu vas dire ! on connaît ton écriture ici, et tes lettres sont dans ce portefeuille… Veux-tu que…

— Voyons, interrompit Auguste brusquement, je