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MONSIEUR AUGUSTE

rideaux de la fenêtre, les entr’ouvrit et, à travers la persienne, jeta un regard sur le parc.

Au-dessus d’un massif de chênes nains une tête se fit reconnaître du premier coup par l’œil pénétrant d’Agnès.

À l’espionnage, on devinait facilement l’espion.

Agnès écarta doucement la persienne, et montra son visage et une petite main qui faisait un salut d’amitié.

Le massif de chênes nains répondit en s’agitant, comme si l’âme d’Octave eût donné la vie à cette végétation. Le bras du jeune homme se leva au-dessus de la verdure et se tordit en point d’interrogation.

Le télégraphe a été inventé par l’amour.

Agnès inclina sa joue sur sa main droite, mit son mouchoir de batiste sur sa tête, et de l’autre main le fit soulever avec une lenteur calme et mesurée. Octave répondit, en joignant les mains, et enlevant ses yeux au ciel.

Agnès fit un nouveau salut, et un mouvement qui, en rétablissant la persienne dans son premier état, signifiait : — Assez pour aujourd’hui, soyez content.

Octave comprit qu’il fallait obéir avec convenance, et il rampa sur le gazon jusqu’aux fourrés sombres