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MONSIEUR AUGUSTE

dra l’âge avancé de la vieillesse, pour échanger une déclaration d’amour et se marier dans le passé.

Le docteur écoutait, comme écoute un bel homme et un homme charmant ; les fumées de l’amour-propre montaient à son front, et donnaient à ses yeux et à ses oreilles des perceptions menteuses ; il voyait ce qui n’existait pas, il entendait ce qu’on ne disait pas. La belle Agnès ne parlait plus ; elle regardait la cime des arbres et semblait demander une réponse. Le docteur, ne sachant trop ce qu’il allait dire, préludait par des mots décousus, lorsqu’un son de cloche le tira d’embarras. On annonçait le déjeuner.

— Déjà dix heures ! dit-il en regardant sa montre ; et il offrit son bras à la jeune femme, qui parut fort contrariée de ce carillon ; il brisait un entretien si doux, et au moment décisif !

Rose s’avança vers le docteur d’un air joyeux, et lui dit :

— Mademoiselle vient de se réveiller : elle est très-câline ; elle m’a parlé très-raisonnablement, et m’a demandé des fraises.

— Bon symptôme ! dit le docteur… Vous me permettez, mademoiselle, je vais faire une courte visite à votre cousine, et je descends.