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MONSIEUR AUGUSTE

Le docteur tomba aux pieds d’Agnès, prit sa main droite, et la couvrit de baisers.

La jeune fille détourna la tête, comme pour ne pas voir l’énorme faute qu’elle commettait.

Ses yeux infaillibles avaient vu passer une ombre sur la lizière du quinconce, et cette ombre errante portait avec elle son nom.

— Relevez-vous, dit Agnès avec la voix de l’abattement langoureux ; allez rejoindre mon oncle. Votre absence pourrait éveiller des soupçons… Si vous saviez de combien de jaloux je suis entourée… Oh ! vous saurez tout un jour… et vous me plaindrez…

— Et je vous consolerai, adorable Agnès, dit le docteur en se penchant sur la joue de la jeune fille.

Il savoura un baiser qui ne lui fut pas disputé, et marcha d’un pas de conquérant vers la maison.

— Est-il homme ! dit Agnès, à voix basse, en suivant des yeux le docteur avec un sourire de lutin.

Rose, toujours aux aguets dans les grandes occasions, se glissa sous les arbres de la terrasse, et, avant de parler, elle fit un geste de désolation.

Agnès la pressa vivement de parler.

— En voici bien d’un autre ! dit Rose ; nous sommes à la veille d’un autre malheur.

— Qu’y a-t-il donc ? parlez ! demanda Agnès.

— Il y a que M. Octave est fou. Si j’avais pu lui