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MONSIEUR AUGUSTE

arbres, des fontaines, des fleurs, il n’a pas écrit une seule fois le mot mariage ?

— Si, je l’ai remarqué, mademoiselle ! mais je ne serais pas femme si je n’avais pas remarqué cela ! Une femme mettrait ce mot à toutes les lignes ; un homme n’oublie jamais de ne pas l’écrire. Il redoute les engagements. Ah ! il faut convenir, mademoiselle, que vous avez rendu là un fameux service à ce pauvre M. Octave. Celui-là écrirait à Louise une lettre dans laquelle il y aurait vingt lignes, et quarante fois : Je veux vous épouser.

— Son affaire, donc… sa dernière affaire, demanda Agnès, commence donc à s’ébruiter dans le village ?

— Comment donc ! dit Rose, j’ai même entendu chez l’épicier, qu’on en parle dans les papiers publics. Il n’y a que M. Octave qui n’en parle pas.

— Quel noble jeune homme ! dit Agnès ; il va se battre avec ce brigand qui est venu troubler la maison de Louise ; il joue sa belle vie contre un misérable en haillons ! Oh ! si un homme se battait pour moi, je ferais la folie de l’aimer !

— Oh ! il faut entendre les deux braves hussards qui ont servi de témoins ! Ils disent que M. Octave mérite la médaille de Crimée.

— Ceci est un propos de village, reprit Agnès en