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MONSIEUR AUGUSTE

ses droits souverains de mari, il s’épouvante de son bonheur ; il trouve intolérable la dernière minute de son désir, et demande à Dieu la force de vivre une heure de plus, car il se trouve agonisant, avec toute l’énergie de la jeunesse, et ne peut soutenir le poids de cette minute étouffante que les calmes étoiles éternisent dans le ciel.

Louise a voulu passer sa dernière heure de jeune fille aux genoux et à côté de son père, pour lui demander sa bénédiction, et lui faire ses suprêmes confidences. Ce pauvre père, avec l’œil infaillible de sa tendresse, voit une tristesse profonde, à travers la joie officielle, sur le visage de sa fille, et il regrette d’avoir cédé trop vite aux conseils et aux obsessions de trois femmes étourdies et follement éprises d’un jeune fou.

— Oui, mon ange, oui, ma chère fille, disait le père attendri aux larmes, sois bénie, et que Dieu te bénisse après moi ! Va, tu seras heureuse… la tristesse porte malheur un jour de mariage… Il faut sourire à son avenir, si on veut que notre avenir nous sourie… Allons ! du courage, ma Louise… C’est le sort des femmes… le mariage est leur état… Mais tu ne quitteras pas ton père… Oh ! non !… jamais… Je serai, toujours auprès de toi, comme un ami, un protecteur, un père enfin, c’est tout dire… Allons !