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MONSIEUR AUGUSTE

Cela ressemble à la poussière soulevée par le vent. Je ne savais à quel néant de plaisir donner ma soirée. Une porte de théâtre, je ne sais lequel, s’est ouverte devant mon vagabondage ; j’ai suivi un sillon tortueux qui allait composer un public, et je suis entré. On jouait la pièce qu’on joue toujours. Un homme qui aime une femme ; une femme qui n’aime pas un homme. Un rival qui veut tout tuer. Un farceur qui fait rire. Une mère qui fait pleurer. Je me jouais une autre pièce à moi sur le théâtre de mon imagination, et je n’ai pris aucun intérêt à l’autre. Ma loge était commode pour le sommeil ; je me suis endormi, et j’ai rêvé des ombrages de Chatou.

» Charge-toi d’une commission auprès de Mme de Gérenty ; dis-lui que mon sursis expire demain, et que j’aurai l’honneur de lui rendre ma visite d’échéance. Dis à M. Lebreton que j’ai trouvé ce que je cherchais sur la carte théodosienne. Dis-lui même tout ce que tu voudras. Je suis prêt à faire l’impossible pour te maintenir en bonne relation avec lui. Mais respecte ses bustes, et ménage Boileau.

» Tu vois que je suis gai ; ne me remets pas en tristesse. J’ai acheté pour toi une belle gravure de Marc-Antoine, un cadeau de réconciliation : elle ré-