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MONSIEUR AUGUSTE

Auguste leva la tête, et regarda Octave avec des yeux qui avaient inventé une expression.

— Oui, oui, poursuivit Octave ; je te promets une fête agréable… Si j’étais fils unique, je pourrais me résigner à vivre pour soigner la vieillesse de mon père… mais je suis le cadet de huit enfants ; mon père n’a pas besoin de moi… et moi, je n’ai plus besoin de la vie… Oui, on verra une charmante fête ce jour-là.

Quel jour, demanda Auguste, d’une voix d’ombre ?

— Le jour de ton mariage avec Louise, puisqu’il faut être clair.

— De mon mariage avec Louise ! dit Auguste, en se levant ; mais aujourd’hui ils ont tous perdu la tête à Chatou !… un coup de soleil leur a brouillé la cervelle !… Je me marie avec Louise !… Octave, mon ami, tu n’as que ce grief contre moi ?

— Mais il est suffisant, ce me semble.

— Mais il n’existe pas !… il n’a jamais existé !… J’irai même plus loin ; il ne peut pas exister !… C’est un commérage de campagne ; une invention de vieille femme désœuvrée. Si cette absurde plaisanterie fait ton malheur, tu es le plus heureux des hommes.

— Mais c’est le père de Louise, dit Octave ; c’est