point des péchés de ma jeunesse, & de mon ignorance. Delicta juventutis mea, & ignorantias meas ne memineris. »
Il paroît donc par les preuves que vient d’apporter ce judicieux Auteur, qu’il y a bien des enfans qui perdent l’innocence de leur Baptême peu après qu’ils ont atteint l’âge de raison. On ne peut y penser sans douleur, si on a de la foi : au reste on ne doit pas en être surpris, quand on fait reflexion que la grâce du Baptême n’a pas éteint en eux la concupiscence ; & qu’à l’égard d’un grand nombre d’enfans, l’éducation qu’ils reçoivent dès leurs plus tendres années, les exemples qu’ils ont devant les yeux, les discours qu’ils entendent, & dont ils n’oublient rien, ne sont propres qu’à allumer leurs passions, & à fortifier cette pente naturelle qu’ils ont au mal. D’où il arrive que, quand l’âge les a mis en état d’user de leur liberté, leur ame affoiblie par tant de mauvaises impressions qu’elle a reçues, au lieu de se tourner d’abord vers Dieu, est entraînée par le poids de la concupiscence dans un amour désordonné d’elle-même & des créatures, qui lui donne la mort.
Ainsi, parmi les enfans qui ont atteint l’âge de raison, il y en a beaucoup qui ont besoin, pour recouvrer la vie, d’être plongés dans la piscine salutaire de la Pénitence ; & ce Sacrement est à leur égard ce que le Baptême étoit anciennement à l’égard des adultes. Comme donc autrefois l’Eglise, avant que de donner le Baptême aux adultes qui le demandoient, les faisoit passer par de longues épreuves, & ne leur accordoit cette grâce qu’après s’être assurée, autant qu’on le peut être humainement, de la sincérité de leur conversion ; ses Ministres, quand il s’agit de donner l’absolution à un enfant qui a perdu l’innocence de son Baptême, doivent s’y comporter avec beaucoup de prudence & de maturité, pour ne pas exposer à la profanation la Pénitence premièrement,& ensuite la Confirmation & l’Eucharistie, qu’on leur donne lorsqu’on les croit instruits & purifiés. Ceci s’éclaircira par ce que nous allons dire dans l’article suivant.
