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CHAPITRE XII

Hyvernat avait, au début du voyage, demandé au gouvernement turc des lettres vizirielles qui, en mentionnant l’objet de sa mission, le recommandassent aux différents gouverneurs. Nos amis de Constantinople nous avaient, à notre arrivée, représenté ces lettres comme une pure formalité : quelques-uns même nous disaient qu’elles seraient plutôt un danger qu’un secours, en éveillant trop l’attention défiante des fonctionnaires turcs. Aussi n’en avais-je pas demandé de spéciales pour moi et avais-je seulement prié mes amis de me procurer le Teskéré ou laisser-passer qui est indispensable pour voyager dans l’intérieur de la Turquie.

Hyvernat avait demandé ses lettres par l’Ambassade de France. Lorsque nous voulûmes quitter Constantinople, elles n’étaient pas prêtes, et le Beïram qui commençait alors, menaçait de faire traîner la chose en longueur. Hyvernat se décida à partir, se fiant aux promesses qu’on lui faisait de lui expédier sans retard ces lettres à Tiflis. Malgré la durée de notre séjour en Russie, rien ne lui était parvenu, et nous étions rentrés sur le territoire turc sans avoir ces papiers ; au fond, ils n’étaient nullement indispensables, chacun de nous ayant son Teskéré.

Mais, comme nous avons affaire à des gens de mauvaise foi, le Consul de Russie conseille à Hyvernat de télégraphier à l’Ambassadeur pour exposer les faits, et demander la protection russe.

Pour moi, la situation est plus compliquée. Je ne puis songer à recourir à l’Ambassadeur d’Allemagne ; j’ai essayé, étant à Constantinople, de le voir à sa résidence d’été à Thérapia, mais je l’ai manqué ; il ne me connaît donc pas ; pour comble je n’ai même plus de passe-port ; il est resté dans la bagarre du départ à Tiflis ! Heureusement qu’à titre de missionnaire apostolique, j’avais reçu une recommandation spéciale de l’Ambassade de France auprès du Saint-Siège. Je puis donc m’en réclamer en m’effaçant toutefois le plus possible, et figurer comme secrétaire de la mission Hyvernat.

À tout prendre, ma situation n’est peut-être mauvaise qu’à