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CHAPITRE XIV

Le Dr Reynolds étant monté sur un rocher aux environs d’Artamied (assez près par conséquent de l’embouchure du Koschâb), a cru ne pouvoir expliquer certains scintillements de la surface des eaux, que par la présence de bandes de poissons. Les bords du lac sont fréquentés par de très nombreuses bandes de mouettes ; or, le lac ne contenant pas de coquillages[1], comment ces mouettes trouveraient-elles leur nourriture, si pendant toute l’année aucun poisson ne vivait à la surface des eaux ?

On prétend que les poissons pêchés du côté d’Akhlât sont d’une espèce différente ; mais nous n’avons pu nous en assurer.

Au fond, tant que la navigation ne sera pas plus développée, il sera fort difficile d’éclaircir cette question. Or, la navigation sur le lac de Van est, à l’heure actuelle, tombée à rien. À en croire Tavernier, elle a dû être autrefois beaucoup plus active[2].

« L’Échelle » ou port de Van se trouve au petit village d’Avantz (son nom turc est Iskele-Keuï, village de l’Échelle). Le port est défendu par une jetée de roches naturelle, mais ce n’est qu’un misérable abri sans eaux profondes[3] ; il suffit pour les quelques barques, plus misérables encore qui y accostent. Ce sont des chaloupes en bois de peuplier de la construction la plus grossière ; leur seule vue suffirait à dégoûter de la navigation. En portant à 10 ou 15 barques la flotte du lac, on serait, je crois, plutôt au-dessus qu’en deçà de la vérité.

Les missionnaires américains avaient, en 1879, lancé une chaloupe à vapeur ; mais leur machine était sans condensateur, et, comme on ne pouvait employer l’eau du lac dont les sels abîment les chaudières, il fallait à chaque fois charger la quantité d’eau douce nécessaire au voyage. L’entretien de ce bateau devint bientôt onéreux pour la mission, et elle en vendit la ma-

  1. Hommaire de Hell, iv, 100.
  2. Tavernier, L. iii, ch. 3.
  3. Sous l’abri immédiat des rochers l’eau est assez profonde pour le faible tirant d’eau des barques, et l’on maintient une espèce de chenal d’approche. Tout à côté de l’Échelle on a pied jusqu’à 150 mètres du rivage. Au milieu de la jetée rocheuse jaillit une source d’eau douce.