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DES ASSYRIENS ET DES ARMÉNIENS

il faudrait croire que, déjà du vivant d’Assarhaddon, les Urardhiens avaient pris leur parti d’accepter la suzeraineté de leur vieille ennemie. Nous savons d’ailleurs qu’Assurbanipal soutint avec succès une guerre contre le petit royaume de Man, à l’Ouest du lac d’Ourmiah, qui avait tenté de se dérober au joug de l’Assyrie.

Là finissent les relations de l’Assyrie avec l’Arménie. Celle-ci, à l’époque où nous a conduits cette notice, est manifestement sur son déclin depuis un siècle. L’Assyrie, de son côté, bien qu’elle soit encore à l’apogée de sa gloire, n’est guère moins éloignée de sa ruine.

Et cette ruine sera plus complète encore que celle de l’Arménie. En effet, les Urardhiens se survivront dans un autre peuple, qui, pour parler une autre langue, pour appartenir à une autre race, n’en sera pas moins l’héritier des traditions d’indépendance créées par les fiers montagnards qui, pendant des siècles, tinrent tête à l’une des plus formidables puissances de l’Asie. Ce peuple saura, lui aussi, mériter plus d’une page glorieuse dans les annales de l’histoire ; il saura se créer une littérature des plus riches, une architecture des plus originales et en même temps des plus nobles ; et quand, plus tard, par suite d’un de ces remous que l’on constate parfois dans les migrations des peuples, il devra fuir à son tour devant ces Touraniens qu’il avait lui-même dépossédés vingt siècles auparavant, il saura conserver partout sur la terre étrangère, son patriotisme, sa nationalité, son individualité, pour ainsi dire. Il y aura toujours des Arméniens.

L’Assyrie, au contraire, n’aura pas d’héritiers. Elle restera tout entière ensevelie sous la poussière des murs écroulés de Ninive, jusqu’à ce qu’un Botta et un Layard viennent la faire sortir du tombeau pour y retrouver une histoire close depuis vingt-cinq siècles.