Aller au contenu

Page:Müller - Introduction à la philosophie védanta.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réel. Il est aussi réel que toute chose peut l’être pour l’esprit ordinaire. Il n’est pas un pur néant comme le soutiennent les bouddhistes. Et, ainsi, la philosophie védanta laisse à chaque homme une large sphère de réelle utilité et le place sous une loi aussi stricte et obligatoire qu’il est possible dans cette vie transitoire. Elle lui laisse une divinité à adorer, aussi omnipotente et majestueuse que les divinités de toutes les autres religions. Elle accorde une place à presque toutes les religions, bien plus, elle les embrasse toutes. Même quand la lumière plus haute apparaît, elle ne détruit pas la réalité du monde précédent, mais lui confère, même dans un caractère transitoire et fugace, une réalité plus complète et une signification plus profonde. Kant, aussi, savait que notre monde est et ne peut être que phénoménal et que la Chose en soi, en un sens le Brahman, est placée au-delà de notre connaissance, c’est-à-dire est séparée de nous par la Nescience, et il établit sa philosophie pratique et morale pour le monde phénoménal comme s’il