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L’héritage du Védanta


Revenons maintenant à ce que j’ai appelé l’héritage des philosophes védantistes. Nous avons vu qu’ils ont hérité d’un concept lentement élaboré dans les hymnes védiques et les Brahmanas, celui de Bráhman, c’est-à-dire ce dont, comme disent les Védanta-Soutras, l’origine, la continuation et la dissolution du monde procèdent (Védanta-Soutras, I, 2). Les seuls attributs de ce Bráhman, s’ils peuvent s’appeler des attributs, sont qu’il est, qu’il sait et qu’il est plein de félicité.

Mais si tel est le concept le plus haut de l’Être suprême, de Bráhman ou le Dieu dans le sens le plus élevé, un concept, comme ils disent, si haut que la parole est impuissante à l’exprimer, puisque l’esprit ne peut le saisir[1] ; si, comme ils disent, il est inconnu des sages mais connu des fous — Cognoscendo ignoratur, ignorando cognoscitur — comment pouvait-on-concilier ce concept

  1. St Augustin. De doctr. Christ. I, 6 : « Si autem dixi non est quod dicere volui ».