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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/127

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projections de vapeur d’eau permirent d’aider au mouvement de dislocation de la banquise, et, le 1er avril, la quille du steamer, perçant le plancher très aminci qui s’étendait au-dessous d’elle, se trouva de nouveau en contact avec l’eau.

On s’occupa alors du « déménagement », c’est-à-dire de la démolition de la maison de bois et du transport de ses diverses pièces à bord. Ce ne fut pas la moindre besogne, ni la moins difficile. Le froid était encore très rigoureux, et, au cours du travail, plusieurs hommes, jusque-là indemnes, eurent à souffrir cruellement par suite des négligences dans les précautions chaque jour recommandées. Une ou deux amputations de doigts atteints par le gel furent indispensables, et l’infirmerie de l’Étoile Polaire reçut six malades plus ou moins gravement éprouvés, avant que le moment fût venu pour le navire de sortir du fiord protecteur et de s’élancer vers la mer libre. Néanmoins le moral de l’équipage demeura intact. Le soleil avait ramené la gaieté quelque peu atteinte par les longues ténèbres des mois d’hiver, malgré les miracles de science accomplis pendant l’hivernage. Mais ce qui contribua surtout à réveiller l’enthousiasme, ce fut la vue de la récolte, qui eut lieu vers le 10 avril.

On avait en effet préservé la serre, en se résignant à n’en rien emporter. Savait-on si l’on ne serait pas contraint de regagner le cap Ritter ? On la convertit donc en magasin pour le voyage de retour, et l’on y entassa toutes les réserves de viande fraîche qui ne furent pas absorbées par la consommation courante, et que l’on dut aux fusils des plus habiles chasseurs de la colonie.

La serre avait donné des résultats étourdissants. Sous les quatre « soleils » électriques de ses lampes, grâce à la chaleur