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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/141

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le soleil nous aura donné des températures très douces, et la mer sera libre. La banquise que l’on nous signale en ce moment ne peut être qu’un dernier morceau du pack que nous avons déjà traversé. »

Elle parlait avec une émotion, une conviction communicatives. L’assemblée hésitait. Un dernier argument vint à bout de toutes les résistances.

Mlle de Kéralio continua :

« Et nos amis, nos frères qui sont à terre, allons-nous donc les abandonner ? Pourquoi les chercher au midi, alors que tout fait supposer, au contraire, qu’ils ont poursuivi leur route vers le nord ? »

Elle avait raison. Toute la vraisemblance était pour que les explorateurs, gênés par la falaise, eussent directement coupé la presqu’île dans le sens de sa largeur. Reculer, c’était les délaisser sans vivres sur cette côte inhospitalière.

« Allons, messieurs, conclut Isabelle suppliante, en joignant les mains ; encore un effort, un seul. Tout me dit que nous allons atteindre à bref délai la pointe de cette muraille rocheuse, quelque promontoire plus favorable que la brume nous cache, mais que nos prévisions doivent deviner par là, quelque part, sous le 81e parallèle. Allons, haut les cœurs pour notre propre gloire et pour celle de la France ! »

Tous les hommes se levèrent électrisés. Un seul cri jaillit de toutes les poitrines :

« En avant ! Pour l’honneur de la France ! »

Et le commandant Lacrosse, remontant sur le pont, jeta l’ordre de pousser les feux.

Isabelle avait raison, et, une fois de plus, l’adage « La