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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/165

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paléocrystique et servant de support à la redoutable banquise dont on entendait de tous côtés les plaintes suscitées par les craquements chaque jour plus complets dans la débâcle qui s’annonçait prochaine.

Des flaques se formaient, des allées d’eau s’ouvraient à tout instant sous les pieds des voyageurs. Un moment vint où l’on reconnut qu’il fallait céder à la nécessité de battre en retraite, car on n’était pas bien sûr qu’on pourrait revenir en arrière par le même chemin.

On possédait, il est vrai, trois embarcations, dont une, infiniment plus précieuse que les autres, était destinée à tenir plusieurs emplois. C’était le torpilleur sous-marin, lequel avait été construit en tôle d’aluminium, métal si léger que les compagnons de M. de Kéralio et d’Hubert d’Ermont se refusèrent à admettre que l’étrange engin pût servir également de nacelle à l’aérostat dont on allait expérimenter les qualités ascensionnelles.

On se décida donc de ne pas différer plus longtemps l’expérience du ballon.

On choisit, dans ce but, comme plate-forme, un îlot ou plutôt une roche plate, émergeant de soixante mètres au-dessus du niveau de la mer et large de six à huit cents mètres dans toutes ses orientations.

Ce fut assurément une scène profondément émouvante que cette tentative accomplie dans les conditions les plus extraordinaires qu’aéronaute eût jamais subies.

Il avait été convenu que le premier essai serait fait en maintenant le ballon captif.

Les explorateurs firent donc une dernière récapitulation des chiffres, et comme on ne faisait entrer en compte ni le poids