Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/168

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Markham, couvraient la mer, et toutefois on apercevait au nord comme un mouvement de la banquise.

Une deuxième surprise désagréable fut la constatation que l’aérostat, porté à 400 mètres plus haut, refusa de s’élever davantage.

En vain supprima-t-on, coup sur coup, le lest supplémentaire, en vain réduisit-on le poids par la diminution de la nacelle, dont toutes les pièces inutiles furent enlevées, en vain un seul des expérimentateurs s’éleva-t-il, le ballon ne franchit pas le niveau de 1000 mètres.

On multiplia les ascensions à diverses heures du jour et de la nuit : le résultat demeura le même. Force fut d’essayer une explication de cette déconvenue. Comme on ne pouvait invoquer la raréfaction de l’air, il fallut bien se rendre à l’évidence, c’est-à-dire reconnaître que des perturbations magnétiques jusque-là inconnues se produisaient dans les hautes couches de l’atmosphère et parvenaient à décomposer celles-ci au profit des gaz les plus légers. D’ailleurs des troubles de la respiration et de la circulation, des signes de cyanose plus accusés après chaque tentative, des palpitations violentes, une certaine hébétude, prouvaient que l’air, à ces hauteurs, devenait irrespirable.

On prit le parti de laisser l’aérostat remonter à vide. Il ne dépassa point la limite précitée. Un grand découragement saisit les membres de la colonne. Il devenait manifeste qu’en dépit des théories scientifiques, l’aérostation ne pourrait servir à l’exploration du Pôle. De guerre lasse, d’Ermont et Schnecker construisirent à la hâte une nacelle de planches pesant au total 400 kilogrammes et donnèrent l’ordre qu’on les abandonnât au gré du vent. Un serrement de cœur saisit tous les