Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reprises, avait brillé en regard d’utiles découvertes. Il n’avait pu accompagner son frère et son oncle dans leur expédition. Mais, depuis deux années, en compagnie d’Hubert, il s’était livré à de mystérieuses et difficiles recherches pour ajouter aux chances du voyage la garantie de moyens nouveaux dus à l’invincible pouvoir de la science.

Isabelle de Kéralio était une assez singulière personne, dont le caractère et l’éducation ne ressemblaient guère à ceux de nos jeunes filles françaises. Du long séjour de sa famille en Amérique elle tenait, peut-être par voie d’habitude lentement acquise, cette énergie virile qui contraste si fort avec la douceur, la langueur même et les grâces timides des femmes de la vieille Europe. Rompue à tous les exercices du corps, pourvue d’une haute culture intellectuelle, elle eut sans doute effrayé un autre épouseur que son cousin Hubert.

Mais Hubert d’Ermont connaissait bien sa cousine Isabelle. Il savait que ces allures, peu habituelles chez les jeunes Françaises, ne nuisaient aucunement aux qualités exquises de Mlle de Kéralio, qu’elles ne faisaient que dissimuler aux regards peu clairvoyants les trésors de tendresse et de charité que contenait cette âme d’élite. D’ailleurs Isabelle dépouillait dans l’intimité ces dehors étranges. Elle recouvrait tous les charmes de son sexe, et les manifestait même avec une rare puissance de séduction. Musicienne accomplie, soit qu’elle laissât courir ses doigts sur le clavier, soit quelle donnât l’essor à l’ampleur vibrante d’une voix admirable, elle incarnait alors toute l’harmonie intime dont sa beauté n’était que la parure extérieure.

Ils s’étaient fiancés spontanément, avec l’agrément de M. de Kéralio, et il avait été convenu que le mariage se célé-