Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/20

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Quelques-uns des amis applaudirent ; le plus grand nombre se récria.

« Ma fille ! » essaya d’interrompre M. de Kéralio.

Isabelle ne le laissa pas achever. Elle lui entoura le cou de ses deux bras, et, avec une tendresse envahissante et dominatrice, répliqua :

« Chut, père ! Pas un mot de plus. C’est entendu. Tu m’as élevée de telle façon que je ne suis qu’un garçon manqué, au dire de beaucoup de gens. J’irai au Pôle Nord. Et puis, vous savez, papa, ajouta-t-elle en riant, je ne vous désobéis pas, puisque vous venez de me fiancer à Hubert, et que son autorité sur moi égale désormais la vôtre. Sur ce, parlons de l’expédition. »

M. de Kéralio s’adressa alors à Hubert.

« C’est donc à vous, mon futur gendre, qu’il me faut recourir. Voulez-vous être assez bon pour faire entendre raison à cette jeune personne déraisonnable ? »

Hubert, mis au pied du mur, se leva.

« Mon cher père, répondit-il, car je puis vous donner ce titre, j’essayerai de dissuader Mlle de Kéralio d’un projet plein de périls. Je m’attacherai à lui montrer combien une telle résolution est d’un accomplissement difficile pour une femme. Mais, si elle refuse de se rendre à vos avis et aux miens, si elle persiste dans une volonté qui, bien que vaillante, devrait céder le pas à de plus prudentes considérations, je me permettrai de conclure en vous demandant une part des périls. Où ira Isabelle de Kéralio, moi, Hubert d’Ermont, son fiancé et prochainement son mari, j’irai. »

M. de Kéralio n’avait rien à répondre.

Quant à l’assistance, si extravagante que parût l’hypothèse,