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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/201

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lement, très rigoureusement indiqué, ne laissait aucun doute sur l’identité du personnage.

Cette découverte avait produit sur le commandant Lacrosse la plus fâcheuse impression.

Ainsi, l’homme qui s’était fait recommander à M. de Kéralio par plusieurs notabilités de France et d’Angleterre, qui s’était enrôlé parmi les membres de l’expédition en qualité d’Alsacien, avait usurpé ce titre. C’était un Allemand ou, qui pis était, un Prussien.

Lacrosse s’était promis d’éclaircir ce mystère.

L’occasion ne se fit pas attendre.

L’Étoile Polaire avait commencé ses travaux d’hivernage. Dès les premiers jours d’août, le capitaine avait mis en vigueur le règlement ordinaire de l’hiver. Le petit nombre d’hommes dont on disposait pour la bonne observation du service à bord avait fait renoncer provisoirement à l’établissement de la maison de planches rapportée du cap Washington. On demeurerait sur le navire, ce qui offrait un autre avantage appréciable, celui d’économiser sur le chauffage et l’éclairage commun. En outre, la distribution des quarts de nuit et de jour serait ainsi plus équitable, puisqu’elle porterait sur un équipage plus nombreux. Il fut décidé que les factionnaires seraient relevés toutes les deux heures, sauf pendant les grands froids.

À ce moment, en effet, les hommes veilleraient d’heure en heure et deux par deux.

Une nuit, le matelot canadien Gaudoux, étant de garde, fut effrayé par une étrange apparition.

Le ciel était d’une grande limpidité, et les ténèbres ne devaient pas durer plus de deux heures. Mais dès que le soleil