Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/246

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Guerbraz, profondément désolé, mit rapidement Hubert au courant de ce qui s’était passé.

On avait, après le départ de la chaloupe, dirigé une excursion vers l’est. On était parvenu ainsi, sans encombre, jusque sur une partie du floe où les hummocks se multipliaient avec une fréquence comparable à celle de ces monticules de terre pulvérisée qui décèlent la présence de fourmilières. Quelques-uns de ces monticules de neige et de glace étaient d’une hauteur extraordinaire, atteignant tantôt 20, tantôt 40 mètres d’élévation.

On en avait déjà gravi plusieurs, et les explorateurs, harassés, allaient revenir au campement, lorsque Guerbraz découvrit sur le pack une bouteille entièrement dégagée de la gangue de neige durcie qu’elle avait dû avoir, mais dont l’empreinte était demeurée sur la glace.

Cette bouteille contenait un papier, qu’Isabelle s’empressa de lire, après avoir brisé le contenant. Et dès qu’elle eut jeté les yeux sur le document, elle fut prise d’une agitation fébrile.

« Je ne rentrerai point au camp que je n’aie retrouvé mon père ! s’écria-t-elle. Mon bon Guerbraz, vous remettrez ce papier à M. d’Ermont à son retour, en lui disant que mon père est ici, doit être ici, quelque part, peut-être vivant encore, et que je n’aurai de repos qu’après l’avoir retrouvé. »

Alors, quoi qu’on voulût dire ou faire, elle se mit à courir au milieu des hummocks, aidée par les raquettes qu’on avait mises pour ces longues excursions. Brusquement, au tournant de l’un d’eux, elle disparut.

« Et vous ne l’avez pas recherchée ! s’écria Hubert, fou de douleur.