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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/251

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au dehors, laissant les hommes sous le commandement du lieutenant Pol.

Le docteur Servant et Guerbraz coururent sur ses traces et ne tardèrent pas à le rejoindre.

Hubert se tordait les mains.

« Avez-vous consulté le baromètre ? dit-il à ses deux compagnons. Nous allons très certainement à une effroyable bourrasque. Et cette malheureuse enfant qui est dehors par ce temps, qui n’a rien prévu, rien appréhendé ! Si encore nous la retrouvions vivante ! »

Ils couraient de toute leur vitesse sur le pack bossue de verrues énormes, faisant de lourdes chutes, s’enfonçant dans des trous de neige. Où donc Isabelle avait-elle pu disparaître ?

Le firmament s’assombrissait rapidement. La tempête accourait au galop.

Les trois hommes unirent leurs voix et, faisant de leurs mains un porte-voix, appelèrent Isabelle désespérément. •

Rien ne répondit sur la morne étendue. Il n’y eut pas même un écho.

Soudain Guerbraz eut une inspiration heureuse.

« Appelons le chien ! » fit-il.

Sans même attendre le consentement de ses compagnons, il cria de tous ses poumons :

« Salvator ! Salvator ! Salvator ! »

Tous trois se lurent et tendirent l’oreille. Il leur avait semblé entendre un autre cri lointain.

Ils ne se trompaient pas. Entre deux rafales du vent qui rasait le sol, une plainte vint jusqu’à eux.

C’était un aboiement sinistre, lamentable, une de ces voix qui donnent le frisson au plus brave.