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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/267

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campagne : le retour après l’échec du bateau sous-marin, en face de la force centrifuge qui le chassait des abords du Pôle, l’échouage, puis le traînage sur la glace du pack, deux journées mortelles d’une tempête sans exemple qui avait brisé la croûte de glace comme l’on brise la coque d’un œuf vide, la course désespérée des malheureux transis et affamés à travers mille obstacles, à la recherche du frêle esquif qui contenait toutes leurs espérances ; puis le sous-marin retrouvé, sous un amoncellement de neige, la réintégration des trois hommes mourants dans cet étui de tôle absolument congelé, et presque plus froid que l’air extérieur. Les deux matelots n’y rentrèrent que pour mourir, le même jour, à quatre heures d’intervalle. Enfin, M. de Kéralio, atteint lui-même, tomba à son tour, et eût infailliblement péri sans l’intervention miraculeuse de sa fille.

Ce récit avait fait une profonde impression sur tout l’auditoire.

L’émotion fut à son comble lorsque le père d’Isabelle, revenant à son idée fixe, ajouta :

« Mais si l’absence d’hydrogène m’a empêché de réaliser mon projet, aujourd’hui cet empêchement n’existe plus. Vous êtes abondamment pourvus de ce gaz bienfaisant. Déblayons notre sous-marin, tirons-le de sa prison de glace, et je recommencerai l’entreprise. Il ne sera pas dit que j’aurai échoué au port. »

Hubert d’Ermont intervint derechef et fît connaître toute sa pensée.

« Mon oncle, dit-il, il est dans mes projets en effet de mener à bien ce dernier acte de notre expédition. Mais, vous devez le comprendre, nous ne pouvons vous soumettre à nos