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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/324

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été lui-même victime d’une véritable tentative d’assassinat, dirigée contre lui par ce malheureux. Mais je veux oublier ses forfaits pour ne me souvenir que des services rendus jadis, et, surtout, que cet homme a été le compagnon de nos souffrances et de nos efforts. Donnez-lui le temps de comprendre la grandeur de son crime et de s’en repentir. »

Ces paroles touchantes émurent le tribunal.

Séance tenante, on fît comparaître le misérable en présence de son avocat improvisé, et on lui signifia que, sur la demande de Mlle de Kéralio, il bénéficiait de circonstances atténuantes. En conséquence, on le gardait à bord jusqu’au retour. Mais, une fois débarqués sur le territoire français, ses juges du moment le remettraient aux mains de l’autorité compétente pour qu’il eût à s’expliquer.

Schnecker remercia sa bienfaitrice en termes rogues et sous lesquels perçait moins de reconnaissance que de satisfaction d’échapper à un supplice immédiat. Il fut donc reconduit à sa cabine et placé sous la surveillance d’un matelot qu’on relevait toutes les deux heures. Bientôt, devant l’impossibilité manifeste d’une fuite, on se relâcha de cette surveillance, et toute liberté d’aller et de venir fut laissée au chimiste.

Puis on se livra aux préparatifs nécessaires à l’aménagement définitif du steamer, non seulement en vue du retour des hommes détachés au cap Washington, mais aussi du départ du navire lui-même. L’élévation constante de la température, la survenance de tempêtes continues du sud, la dislocation par plaques de l’icefield, permettaient en effet d’espérer un printemps précoce et exceptionnellement doux.