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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/341

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paroles. Et la mourante, réconfortée, là considérait avec un sourire, et lui répondait avec le langage qu’elle avait accoutumé de lui tenir pendant ses premières années.

« Oh ! ma chère petite enfant, disait-elle, tu es bien restée pour moi ce que tu étais autrefois, la petite fille douce et bonne, aimant le bon Dieu, plaignant et secourant les pauvres gens ! Je suis heureuse de mourir près de toi. Je sens que sous ta main, sous tes yeux et les paroles, la mort me sera moins dure. »

Tout à coup le fracas des coups de feu fit tressaillir les deux femmes.

Isabelle se leva en sursaut, quitta sa chaise et courut à la porte, qu’elle entr’ouvrit.

Elle recula, épouvantée, en jetant un cri.

L’ours était à deux pas d’elle, cherchant une issue pour s’enfuir. À la vue de la porte entre-bâillée, il se précipita.

Mlle de Kéralio eut heureusement le temps de refermer celle-ci, et, palpitante de frayeur, s’y adossa pour atténuer autant que possible la poussée de l’énorme animal.

Cette poussée ne se produisit pas.

L’ours avait-il renoncé à son projet, ou bien était-il revenu sur ses pas ?

Tandis que la jeune fille, palpitante, se posait cette question, le drame auquel elle venait d’échapper se poursuivait au fond de la coursive et y prenait un dénouement imprévu.

C’était dans ce fond qu’était située la cabine du chimiste Schnecker.

Le traître, malgré la grâce qu’on lui avait faite, n’avait en aucune façon abjuré sa haine et ses ressentiments. Depuis qu’on lui avait signifié la mesure dont il serait l’objet à la