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Page:Maël - Une française au pôle Nord, 1900.djvu/98

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leur intérieure s’abaisse seulement d’un ou deux degrés, et la vapeur des respirations se transforme immédiatement en une neige très fine, qui retombe avec les haleines dans les chambres, et les sature d’acide carbonique ; qu’un courant d’air pénètre insidieusement, et il suffit à déterminer sur l’heure des abaissements de température susceptibles de provoquer des congestions et des pneumonies.

Un matin, Hubert d’Ermont annonça au conseil des officiers qu’il allait faire la première application de ses moyens en combattant directement l’adversaire dont on avait le plus à souffrir. Dans la même journée, l’expérience était faite. Les poêles placés dans toutes les pièces de la maison furent brusquement éteints et nettoyés de leur charbon, et, avant que les matelots, revenus de leur stupeur, eussent pu se demander pourquoi l’on éteignait les feux par un froid de 48 degrés au-dessous de zéro, la partie supérieure des foyers se retournait, laissant voir le réflecteur de métal sur lequel venait s’épancher la chaleur intense de quatre langues d’une flamme rougeâtre et peu éclairante. En même temps, au lieu des lampes dont l’huile était gelée, au lieu des bougies et des essais de lumière électrique, tentés avec parcimonie par le chimiste Schnecker, on vit s’allumer, dans des godets et sur des becs disposés à cet effet, de larges papillons de bicarbure d’hydrogène.

Du gaz d’éclairage sous le 76e parallèle ! Cela tenait du prodige. Qui avait accompli ce prodige ?

Quelqu’un dut se l’expliquer avant tous, et ce quelqu’un fut l’Allemand déguisé en Alsacien. Il grinça des dents en constatant qu’Hubert ne s’était point vanté et n’avait rien promis en vain.