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Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/26

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L’ABBÉ

tant de part. Ha ! Madame, que le sort m’est cruel, et que je suis l’homme du monde le plus digne de compassion ! Si vous voulez, Monsieur, que j’entre dans vos peines, reprit Aminte, faites moi voir si vous m’en jugez capable, l’état de vôtre ame, et d’où proviennent les troubles que j’y découvre ; peut-être trouverez vous quelque soulagement par la part que j’y prendrai, comme je le dois en qualité d’une Epouse reconnoissante de tous vos bienfaits, et qui vous aime uniquement. Si au contraire je ne mérite pas le dépôt d’un pareil secret, permettez moi du moins de me retirer, et de m’aller enfermer pour pleurer seule vos malheurs et les miens. Elle se leva en disant ces paroles, comme voulant passer dans un cabinet tout proche de sa chambre ; Mais Ormon ne voulant pas la laisser plus longtems en peine, l’arrêta tout court, lui disant : Hé ! Madame, qu’allez-vous faire, ne m’avez vous pas assez entendu ? Faut-il que je vous le repéte ? Vous avez vingt et un ans, et moi soixante et douze, n’est-ce pas tout vous dire ? Hé bien, Mon-