Aller au contenu

Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
EN BELLE HUMEUR

un mouchoir sur son visage. Si les cornes fussent venuës à la tête du Portier, il n’auroit pas été plus surpris : le Valet de Chambre le regardant d’un air de colére : tu m’allois mettre, (lui dit-il), dans de beaux draps pour t’avoir crû avec tant de facilité. Hé bien ! camarade, (en parlant au More), d’où diable viens-tu, et qui t’a ajusté de la sorte ? Ma foi, dit le More, si j’ai été battu, j’en ai repassé quatre qui s’en souviendront long-tems. Il lui conta ensuite, qu’ayant eu querelle avec plusieurs de ses camarades en joüant dans un bon lieu, il les avoit poursuivis toute la nuit, et étoit demeuré vainqueur, qu’il leur avoit gagné dix écus et une belle cravate qu’il tira de sa poche. Le Portier voulut lui dire que cela étoit faux ; mais l’un et l’autre lui firent une si grande huée, en lui disant qu’il extravaguoit, que le pauvre homme ne pût ouvrir la bouche pour proférer une seule parole. Renard au désespoir de passer pour un imposteur, faisoit tous ses efforts pour se faire entendre ; mais plus il parloit plus ils se mocquoient de lui : le More en