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Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/87

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EN BELLE HUMEUR

fort serrées dans les siennes, avec quelle tendresse et quel respect je vous adore depuis si long-tems, sans avoir pû obtenir de vous la moindre de vos faveurs. Comment donc, l’Abbé, interrompit-elle en riant toûjours comme auparavant, je vois bien que vous êtes un bon Médecin, et que vous employez le verd et le sec pour la guérison de vos malades ; si vos poudres ne réüssissent d’une façon, vous avez des secrets et des vertus dont la pratique me paroit infaillible. Songez vous bien l’Abbé, commença-t-elle à lui dire d’un ton un peu plus sévére, que mon Epoux n’est pas bien loin d’ici, et que s’il entendoit un pareil discours de son meilleur ami, vous seriez un homme perdu. Je le sçai, Madame, et que m’importe de périr si je suis éternellement malheureux. Ayez pitié, belle Aminte, du plus fidéle Amant qui ait jamais été, et qui vous promet de sacrifier ses jours à vôtre service. C’est beaucoup dire l’Abbé, reprit Aminte, si l’on étoit assez folle de s’y fier, vous feriez bien voir du pays à une femme, et je ne sçai, prévenuë comme je le