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Page:Macé - Morale en action, 1865.djvu/127

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surtout son culte, et que sous le prétexte de l'utilité publique tout ce qu'il est habitué à respecter ne soit pas livré aux hasards d'une controverse s'adressant aux classes de lecteurs les plus faciles à passionner. Mais là s'arrête son droit. Il ne peut exiger que cette Bibliothèque se consacre soit à l'apologie, soit à la défense de ses opinions particulières, des doctrines de son parti ou de sa religion. Il ne peut exiger qu'au milieu du conflit des opinions humaines, une institu- tion appartenant à tous, fournisse des armes aux uns contre les autres et se fasse un instrument de discorde et de haine. En un mot, une Bibliothèque de ce genre n'est ni politique, ni religieuse; elle n'est ni catho- lique, ni protestante, ni israélite, ni philosophique; elle est municipale. Mais cette abstention systématique, indispensable dans toutes les questions qui divisent les hommes, n'a plus de raison d'être dans celles qui les unissent. Dès qu'une doctrine est commune à tout le monde et que tous lui accordent la même importance, elle de- vient d'intérêt public. Le respect, la neutralité bien- veillante ne suffisent plus à son égard; il faut que toute institutiou publique l'adopte, s'en inspire et prenne vigoureusement sa défense. Telle doit être la manière d'agir à l'égard des doctrines morales. Il y a plusieurs partis en politique; il y en a plusieurs en religion; il y en a mille en philosophie; en morale il n'y en a qu'un : il n'y a qu'une manière de l'entendre, et de la pratiquer. Il faut donc qu'une Bibliothèque populaire, non-seulement écarte tout ce qui est d'une moralité douteuse, mais encore qu'elle recherche les ouvrages qui ont pour but d'inspirer le goût des Digitized by Google