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cassait les vitres, couvrait le brouhaha des échanges de bocks et l’organe tonitruant de Salis.

Mac-Nab possédait la voix la plus rauque et la plus fausse qu’il soit possible d’imaginer ; on croyait entendre un phoque enrhumé. Mais cela l’inquiétait peu. Il chantait tout de même, sans se préoccuper des gestes désespérés d’Albert Tinchant, son accompagnateur ordinaire.

Ainsi chantée, l’Expulsion était une véritable source de joie.

Il en était de même de la complainte du Bienheureux Labre.



Mac-Nab a publié chez le bibliopole Léon Vanier un très joli et très coquet volume pour lequel Coquelin cadet a écrit six pages de préface, et qui porte ce titre étrange : Poèmes mobiles.

Les trouvailles et les fantaisies y pullulent, et l’on n’y compte pas moins de trente-sept pièces, presque toutes heureuses, réussies, débordantes de la gaieté et de l’originalité les plus pures, lesquelles sont fort spirituellement illustrées par l’auteur.



Parlons un peu du caractère de Mac-Nab.

C’était un rêveur, très distrait, qui joignait à l’horreur des mathématiques une grande affection pour les animaux. Il recueillait les chiens errants qui le comblaient d’ingratitude.

Très observateur, il découvrait un côté gai aux choses les plus banales de la vie.