Page:Mac-Nab - Poèmes incongrus, 1891.djvu/38

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Ô bienheureux estropiés
Qui buvez comme des pompiers
Et n’avez point de cors aux pieds !

Toujours sans remords, sans alarmes,
Vous engraissez comme des carmes
Et ne craignez pas les gendarmes.

Car avec un tronc raccourci
L’on n’a jamais d’autre souci
Que de dire au passant : « Merci ! »

Enfin, loin de la politique,
Le bon cul-de-jatte fabrique
Des enfants pour la République.

Et lorsque, devenu très vieux,
Après un passé vertueux
Il va rejoindre ses aïeux,

Son âme vers les cieux s’envole
Dans une éclatante auréole,
Alors on voit, touchant symbole,

Tous ses camarades en deuil
Pleurer autour de son cercueil,
En buvant du vin d’Argenteuil.