Page:Mac-Nab - Poèmes mobiles, 1890.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La bonne vieille avait le teint jaune ; mais le teint ne fait rien à l’affaire !

Elle était sourde, c’est vrai ; mais un bon cœur fait pardonner bien des défauts !

Bref, les choses en étaient là quand le cheval se mit à trotter. (Tout arrive ici-bas !)

Sur la place, il n’y avait que le fiacre et la bonne vieille. Or cette place a cent trente-trois mètres en long et quatre-vingt-douze en large. Ce n’était pas l’espace qui manquait : on ne dira pas le contraire. (Je voudrais bien voir qu’on dise le contraire !)

Et, pourtant, le fiacre a écrasé la bonne vieille.

Après tout, me direz-vous, une femme de plus ou de moins !… Je ne dis pas, mais cela n’en était pas moins fort désagréable pour le cocher !

Ça pouvait lui faire du tort !

Enfin, on lui a pardonné pour cette fois.

Du reste, à quoi bon le punir ?

S’il a écrasé une femme, est-ce une raison pour lui enlever son gagne-pain ?

Il faut bien que tout le monde vive !…