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bourer et de chevaux pour les voyages et pour le transport des marchandises. Ils ont aussi des ours, des cerfs, des sangliers, des pourceaux et divers autres animaux. Nous n’y avons pas vu d’éléfants, mais grand nombre de kaymans ou crocodiles de différentes grandeurs qui se tiennent dans les rivières. Leur dos est à l’épreuve du mousquet, mais ils ont la peau fort tendre sous le ventre. Il s’en trouve qui ont dix-huit à vingt aulnes de long, la teste large, le groin de pourceau, la gueule fendue jusqu’aux oreilles, l’œil perçant, mais fort petit, les dents blanches et fortes, rangées comme celles d’un peigne. Ils ne remuent en mangeant que la mâchoire d’en haut. L’espine du dos de cet animal a soixante vertèbres, et il a de longues grifes aux pieds ; sa queue est aussi longue que le reste de son corps ; ils mangent également la viande et le poisson, et sont friands de chair humaine ; les Corésiens nous ont souvent dist qu’on avoit trouvé une fois trois petits enfants dans le ventre d’un de ces crocodiles. Les Corésiens ont beaucoup de serpents et d’animaux venimeux. Pour les oyseaux, ils ont des cygnes, des oies, des canards, des hérons, des cygognes, des aigles, des faucons, des millans, des pigeons, des bécasses, des pies, des corneilles, des alouettes, des pinçons, des grives, des vanneaux, des faisans, des poules, et de tout en quantité, aussi bien que d’autres oiseaux inconnus en Europe.

La Corée est gouvernée par un roy dont l’autorité est absolue, bien qu’il reconnoisse le Tartare, car il ordonne de tout comme il lui plaît sans prendre le conseil de personne. Il n’y a point de seigneurs de places, c’est-à-dire qui aient des villes, des îles ou des villages en propriété, et tout le revenu des grands procède des biens dont ils n’ont que la jouissance, et du grand nombre de leurs esclaves, car nous en avons vu qui en avoient deux ou trois cents. Ainsi, les terres et les charges dont le roy honore les particuliers lui reviennent toutes après leur mort.

Pour ce qui regarde la guerre, le roy entretient dans sa capitale beaucoup de soldats, qui ne sont occupés qu’à faire garde autour de sa personne et à le suivre