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L’ANGE-DU-NORD

Heresa, l’ancien Elisabeth-Poulmier. Je l’ai débaptisé. Il s’appelle maintenant l’Ange-du-Nord.

Bébé-Salé était venu rejoindre Krühl. Il embarquait en qualité de cuisinier.

L’équipage fut difficile à recruter, malgré les relations du capitaine Heresa, qui fit venir de Rouen trois matelots suédois habiles à la manœuvre de la voile.

― Jé connais bien des chauffeurs, disait-il, jé connais aussi des mécaniciens, mais cé né pas cé qu’il nous faut.

― J’ai choisi un navire à voiles parce que je craignais des difficultés pour m’approvisionner en charbon, répondait Krühl.

― Jé né vous lé reproche pas.

Au milieu des préparatifs d’embarquement, le second du capitaine Heresa fit son apparition. Il s’appelait Gornedouin et avait été amputé du bras gauche, à la suite d’une mauvaise piqûre de mouche, disait-il.

M. Gornedouin, pour sa part, recruta deux matelots, un mulâtre de la Jamaïque, nommé Powler et un nègre d’une force herculéenne que l’on appelait Fernand. Avec les trois matelots suédois : Peter Lâffe, Conrad et Dannolt, l’équipage comptait cinq hommes, munis de leurs papiers en règle, et qui signèrent leur engagement pour la durée de l’expédition.

Il manquait encore cinq hommes, car Bébé-Salé, que son âge éloignait d’ailleurs des ma-