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LE CHINOIS

des fouilles ont été entreprises ici, depuis votre arrivée dans l’île ou avant ?

― Des fouilles ? L’homme ricana. Il y a peut-être un trésor caché dans l’île ?

Krühl sentit un flot de sang lui monter au visage, il tâcha de réparer sa sottise.

― Bouh, bouh, peuh ! Le sous-sol renferme, en effet, des mines de cuivre importantes et je désirais savoir si votre personnage avait eu l’intention de les exploiter.

― Je vous ai dit, poursuivit Oliine sans répondre à la question de Krühl, que le Chinois m’avait pris chez lui, comme un brochet dans une nasse. C’est la gueule qui m’a perdu et… le reste, car j’étais tombé amoureux d’une danseuse chinoise, une petite figurine en vieil ivoire, monsieur. J’ai dû fumer trop de pipes et l’on a fait de moi ce qu’on a voulu. Le Chinois, je l’ai appris par le compagnon sans oreilles que vous avez laissé au milieu de son trésor de boîtes de sardines, le Chinois est, comment dirais-je, exécuteur des hautes œuvres, ou plutôt professeur des exécuteurs des hautes œuvres du Céleste Empire. C’est un homme considérable qui ne manque pas d’instruction et qui peut découper un type comme vous et moi en mille morceaux agréablement parés avant de lui permettre de rendre l’âme. On n’obtient pas un tel résultat en naissant et c’est une profession qui demande un apprentissage long et consciencieux. Un bour-