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XIX

LE TRÉSOR


Eliasar passa le restant de la nuit sans pouvoir dormir. Son imagination le transporta à Paris chez le relieur, à Pont-Aven chez l’antiquaire. En contemplant les épreuves photographiques du document qu’il avait fabriqué de toutes pièces, il ne put s’empêcher de sourire en évoquant la gigantesque silhouette de « Bouh-Bouh-Peuh » lancé à la poursuite d’un trésor qu’il portait lui-même dans sa ceinture.

Aucun bruit ne troublait le sommeil de l’île, et les méditations de Samuel Eliasar. Il souffla, sauta sur ses pieds, se recoucha, essaya de dormir. Il aurait donné dix ans de sa vie pour que la journée du lendemain fût achevée. Le sommeil ne venant pas, il réveilla Bébé-Salé, imposa silence à ses ronchonnements et lui donna l’ordre de faire du café.

Devant ses yeux, l’Ange-du-Nord se détachait comme un bel accessoire de théâtre dans le décor féerique de l’aurore.

L’île, le ciel et la mer parurent étrangement