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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

le flaira avant de le tendre à Krühl : « C’est une truffe », dit-il simplement.

― C’est pourtant vrai ! clama Krühl. Alors nous y sommes. Vous avez trouvé le bon coin, C’est une chance… Vous êtes notre porte-veine mon vieux toubib. Vous venez de mettre le pied ou la main, ou le nez, ce que vous aimerez le mieux, sur la truffière d’Edward Low. Quel malheur d’avoir laissé les cochons à bord !

― Nous pouvons, en attendant, nous reposer un peu, dit Eliasar. Vous courez, mon vieux, comme un rat consumé par l’amour. Ma santé ne me permet pas de me livrer impunément à tous les exercices que comporte, dans ces conditions, la recherche d’un trésor peu complaisant. J’ai toujours lu, dans les livres de voyages, qu’il fallait une assez belle patience pour mettre la main sur ces cachettes qui servaient de bas de laine à ces individus méfiants que l’on ne peut guère considérer comme la crème de l’humanité. Mais cette fois, je suis forcé d’avouer que ce M. Low était particulièrement doué pour décourager les héritiers que l’avenir devait lui choisir. C’est la première fois que je recherche un trésor, mais j’ai la conviction que c’est aussi la dernière. Ce n’est pas absolument la cure de repos réclamée par ma fragile enveloppe.

― Vous l’entendez ! s’écria Krühl, dont la bonne humeur fleurissait les joues. Dans huit jours, ce godelureau changera d’avis… Je le