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C’EST LE VENT DE LA MER

Il sortit son couteau de sa poche. La lame brillait au soleil comme un ventre de poisson. Il assujettit l’arme dans sa main, se rapprocha de Krühl et, ses genoux se dérobant sous lui, il leva le bras…

Le Hollandais se retourna, aperçut le geste homicide, la figure affreuse d’Eliasar que la peur décomposait.

Sans comprendre, il regardait le petit homme et le couteau étrangement brillant qu’Eliasar ne pouvait lâcher.

Dans un éblouissement, la vérité le pénétra comme une blessure.

― Cochon ! salaud ! cochon ! rugit-il. Et il se rua sur Samuel qu’il roula dans l’herbe en lui tordant le poignet. La main du misérable s’ouvrit, et la navaja tomba lourdement, comme un fruit mûr.

― Ah ! saleté ! hurlait Krühl… saleté !…

Il avait pris Eliasar à la gorge et l’étranglait doucement. L’homme râlait, rentrait le menton, essayant de mordre les doigts puissants qui le contraignaient à mourir.

― Tu voulais mon pèse, hein ? Et tu savais où était caché le trésor de cet imbécile de Krühl !

Il porta la main à son flanc et tâta sa ceinture par-dessus sa chemise de flanelle.

D’un bond il fut sur pied et lâcha Eliasar. Subitement sa figure prit une expression de désappointement assez comique. Il fouilla sous