Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/178

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Vous ne pouvez vous figurer comme elle est chez nous. Elle parle de vous tout le temps ; et ici, elle a l’air empaillée. Hier encore… faut-il raconter l’histoire, Maricota ?

— Non, papa, je ne veux pas.

— C’est donc quelque chose de bien laid ? dit Marcella en donnant une petite tape à l’enfant.

— Je vais vous dire : sa mère lui a appris à réciter chaque soir un pater et un ave, en l’honneur de la Sainte Vierge. Mais la petite est venue me demander hier, d’une voix si humble, devinez quoi ?… si elle pouvait offrir sa prière à santa Marcella.

— Pauvre chérie, dit Marcella en l’embrassant.

— C’est un amour, une passion qu’elle a pour vous… Vous ne vous figurez pas… Sa mère dit que vous lui avez lancé un charme.

L’individu continua sur ce ton à raconter toutes sortes de choses aimables, et sortit enfin, emmenant la petite, non sans m’avoir lancé un regard d’interrogation ou de suspicion. Je demandai à Marcella qui il était.

— C’est un horloger du voisinage, un brave