Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/184

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en détournant mes regards. Sa carnation, si rose, si pure, si fraîche la veille encore, était maintenant jaune, stigmatisée par la même maladie qui avait frappé l’Espagnole. La petite vérole lui avait dévoré le visage. Ses yeux si vifs s’étaient étiolés. Ses lèvres pendaient, et toute son attitude disait la fatigue. Je la regardai bien ; je lui pris la main et l’attirai doucement à moi. Je ne me trompais point. C’était bien la petite vérole. Je crois que je fis un geste de dégoût.

Virgilia s’éloigna et alla s’asseoir sur le sopha. Pendant un moment je contemplai la pointe de mes bottines. Devais-je sortir ou rester ? La première hypothèse était absurde ; je la rejetai, et je me dirigeai vers Virgilia qui demeurait assise et muette. Ciel ! de nouveau je la retrouvai fraîche, juvénile, et tout en fleur. En vain je cherchais sur son visage les traces du mal, il n’y en avait aucune. La peau était blanche et fine comme de coutume.

— Vous ne m’avez donc jamais vue ? me demanda-t-elle en voyant mon insistance.

— Aussi jolie, jamais.

Je m’assis, tandis qu’elle faisait craquer ses