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Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/197

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— Laisse-le, Cotrim, dit ma sœur à son mari. Peut-être veut-il aussi que nous lui donnions les vêtements que nous portons. Il ne manque que cela.

— Oui, c’est complet. Il veut le cabriolet, il veut le cocher, il veut l’argenterie, il veut tout. Il serait infiniment plus simple de nous citer en justice, et de prouver par témoins que Sabine n’est pas ta sœur, que je ne suis pas ton beau-frère, et que Dieu n’est pas Dieu. Voilà le bon moyen de ne rien perdre. Mon cher garçon, tu nous prends pour d’autres.

Nous en étions arrivés à un tel degré d’irritation que je crus devoir offrir un moyen terme : répartir l’argenterie entre nous. Il ricana et me demanda qui garderait la théière, et qui le sucrier. Et il ajouta que nous avions le temps de discuter nos prétentions, tout au moins judiciairement. Sabine s’était accoudée à la fenêtre qui donnait sur le jardin, et au bout d’un instant elle revint et proposa de me céder Paulo et l’autre noir contre l’argenterie. J’allais accepter, mais Cotrim s’étant approché, elle répéta sa proposition.

— Ça, jamais, dit-il, je ne fais pas l’aumône.