véritablement chrétien. Cela ne m’empêcha pas du reste de m’épancher avec mes amis au sujet des avantages pécuniaires qui devaient découler de la vente d’un produit si merveilleux dans ses résultats. Mais maintenant que je suis ici, de l’autre côté de la vie, je puis bien avouer que mon enthousiasme venait principalement de l’espoir de voir ces trois paroles : Emplâtre Braz Cubas, imprimées sur les journaux, sur les murs, sur des affiches, aux quatre coins des rues. Pourquoi le nierais-je ? J’avais la passion de l’esbroufe, de l’annonce et du feu d’artifice. Les modestes s’indigneront peut-être, les habiles m’en feront un titre à leur considération. Ainsi mon idée, comme les monnaies, avait deux faces : l’une tournée vers le public, l’autre vers moi. D’un côté, philanthropie et lucre ; de l’autre, soif de renommée. Disons : amour de la gloire.
Mon oncle, chanoine à prébende entière, avait l’habitude de me dire que l’amour de la gloire temporelle mène à la perdition, les âmes ne devant aspirer qu’à la gloire éternelle. À cela, mon autre oncle, ancien officier d’infanterie, répondait qu’il n’y a rien de plus vérita-